«Le 3e Congrès du monde arabe de la FIPF s’est tenu à Hammamet entre le 30 octobre et le 2 novembre autour du thème langue et culture arabe, langue et culture francophone contact, dynamique et synergie avec pour slogan : « le français en plus ».
Ce congrès a été l’occasion d’exprimer l’attachement de l’ensemble des congressistes à la langue qu’ils enseignent, leur conviction quant à son utilité pour leur pays respectif et sa complémentarité avec la langue arabe. En témoigne le fait que des collègues venant de pays autres que ceux représentés par des associations affiliées à la CMA comme la Lybie et l’Arabie Saoudite, ont rejoint nos travaux.
Outre les présentations de sites, de ressources didactiques d’offres de service pour enseignants et d’opérateurs spécialisés, dans l’enseignement du français : Tv5 monde, RFI, Cavilam, Canopé, CLA de Besançon, Association Philippe Senghor, Expolaugha, le Français dans le monde, la FIPF,CLE international, CUEF de Grenoble, Institut français , Institut français de Tunisie Edition Hachette, Alliance française de Paris et de France, CIEP, des panels de communication, des conférences, des tables rondes et des ateliers ont exploré 6 axes déclinant la problématique du congrès, à savoir :
1-le domaine des langues
2-l’histoire des échanges culturels
3-la littérature francophone du monde arabe et la et la littérature comparée
4-la traduction et l’adaptation
5-la didactique
6- l’employabilité des diplômés de français.
Des chercheurs confirmés, des doctorants, des inspecteurs, des enseignants représentant les 3 cycles de l’enseignement et venant de l’ensemble des pays arabes mais également d’Europe, d’Asie et Amérique ont également débattu autour de ces 6 axes dans le cadre d’un échange franc et fructueux, marqué par le souci d’efficacité et d’ouverture culturelle propre aux activités de la FIPF.
La présente synthèse n’a certes pas la prétention de rendre compte de la richesse et de la variété de ces débats et se contentera de consigner les tendances majeures apparues au cours du congrès.
En ce qui concerne le domaine des langues (axe1) l’essentiel des contributions a tourné autour des échanges lexicologiques autant historiques qu’actuels entre la langue arabe et la langue française, de la situation du français dans le monde arabe ainsi que des perspectives des développements actuels relatifs à cette langue.
De même, la situation actuelle et les perspectives de développement de l’arabe en France et dans les pays francophones ont bénéficié d’un éclairage qui ouvre un domaine d’études prometteuses.
Plusieurs communications, dans le cadre consacré aux échanges culturels (axe 2), ont traité de l’influence de la culture arabe en France et dans les pays francophones et parallèlement de l’influence de la culture française dans les pays arabes au double point de vue diachronique et synchronique.
Quelques figures marquantes ont été mises en évidence en tant que passeurs culturels.
L’axe 3 a, quant à lui, donné de larges aperçus sur la littérature francophone du monde arabe et proposé des analyses relevant de la littérature comparée.
L’étude de certaines œuvres, majeures ou mineures et des thèmes spécifiques de cette littérature a ainsi voisiné avec des témoignages d’écrivains et de présentation d’échantillons de leur production littéraire. Les traces de la langue et de la culture arabe dans les œuvres et les productions culturelles francophones ont été, en particulier, mises en valeur, révélant que dans le domaine littéraire aussi, un dialogue constant entre les deux langues et les deux cultures est à l’œuvre.
Au niveau de l’axe 4 relatif à la traduction et à l’adaptation, deux sujets ont accaparé l’attention des congressistes : l’enseignement de la traduction dans les pays arabes et les grands moments historiques où s’est manifestée la synergie des langues créée par cette activité.
L’axe 5 a bénéficié de la part du lion, ce qui n’est guère étonnant dans le cadre d’un congrès d’enseignants.
En dépit de la variété des situations d’un pays à l’autre et parfois même au sein d’un même pays, des préoccupations et des appréhensions ont été exprimées quant aux fluctuations affectant le statut de la langue française et aux implications didactiques qui en découlent. Les approches préconisées dans tous les cas de figure ont mis l’accent sur la nécessité de maintenir un contact permanent entre l’école et le monde extérieur. De même, les congressistes ont appelé à doter les enseignants d’une formation à même de leur permettre d’innover en tirant parti des outils et des ressources dont une large panoplie leur a été présentée au cours du congrès.
L’enseignant, devant le flux d’informations et d’images déversées par les nouvelles technologies, doit avoir la capacité d’accompagner les apprenants en les entraînant à en tirer profit sans en devenir des consommateurs passifs.
De même, un accent particulier a été mis sur la didactique convergente et l’importance d’ouvrir des voies permettant d’utiliser la langue arabe en tant qu’appui pour l’enseignement du français. L’enseignant de demain devra acquérir, grâce à une formation continue soutenue, une adaptabilité qui le conduirait à faire face aux mutations incessantes affectant son environnement et par conséquent sa sphère d’action.
L’axe 6 consacré à l’employabilité des diplômés de français a fait l’objet d’une table ronde qui a réuni des enseignants exerçant dans des départements scientifiques ou techniques ainsi que des employeurs suscitant des débats révélateurs d’une prise de conscience accrue de ce nouveau défi à relever par l’enseignement du français dans les pays arabes et de la nécessité d’inventer de nouvelles pratiques permettant d’y parvenir.
Il s’agit là, à n’en pas douter, d’un nouveau rôle pour les enseignants que nous sommes, qui ne manquera pas d’engendrer des projets novateurs pour les associations de notre région
La part culturelle du congrès n’a pas été oubliée, en particulier le théâtre et le chant. Grâce au Ministère tunisien de la culture, en effet, les congressistes ont pu apprécier une pièce de théâtre en français réalisée par le metteur en scène Hafedh Jedidi dont l’actrice a fait ses armes dans les ateliers de théâtre organisés par l’ATPF. Ils ont aussi été unanimement conquis par le concert de la cantatrice Sonia Mbarek qui a allié la performance vocale à un subtil mélange de la chanson arabe et de la chanson française, illustrant à sa manière le thème du congrès.
Il nous reste à annoncer que les communications seront publiées au fur et à mesure de leur envoi au secrétariat du congrès sur le site de l’ATPF en attendant la publication des actes de notre congrès sur papier ainsi que sur le site de la FIPF.»
Issam Marzouki, secrétaire général de l'ATPF