Clôture de saison des Rencontres Littéraires à l’Institut Français de Cotonou :
Le Pr. Okri Tossou implante les concepts de Corpographie et corpologie
L’Institut français de Cotonou a accueilli ce samedi 24 juin 2017 sous sa paillotte, la présentation officielle au public, de l’ouvrage Corpographie et corpologie, Cotonou, Plumes Soleil, 2017 du Professeur Okri Pascal Tossou, par ailleurs Chef du Département des Lettres Modernes de l’Université d’Abomey-Calavi. L’Association des Professeurs de français du Bénin a soutenu la manifestation orchestrée par l’Association ‘’Ayé Culture’’ de Robert Asdé et de Renée Lantonkpodé.
Néologisme ? Concept nouveau ? Re-création de pistes d’analyse et de recherche ?. ‘’Corpographie’’ et ‘’Corpologie’’ –terminologies qui ont déjà réuni à l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), des chercheurs de plusieurs pays lors d’un colloque international organisé les 3-4-5 mai 2017 sous l’égide du Pr. Pierre Médéhouègnon– se veulent un « arrêt sur le corps » à l’occasion d’une lecture du texte littéraire. En convoquant une variété de grilles déjà existantes (à l’instar du formalisme russe, du schéma actanciel de Greimas, etc.), Okri Tossou essaie d’installer un outil d’analyse de contenu qui décrypte les procédés d’évocation du corps, procédés disséminés à travers la diégèse du texte mais dont l’usage permet à l’écrivain de souligner et mettre en œuvre son projet esthétique. Se servant d’écrivains de renom tels Michel Houellebecq, Prix Nobel de Littérature qui indique que « Nous vivons aujourd’hui sous un tout nouveau règne, Et l’entrelacement des circonstances enveloppe nos corps,… », l’universitaire offre à voir en quoi, le corps a envahi, non seulement le règne actuel dans tous les domaines, mais particulièrement la littérature. Ainsi, à partir d’un tour d’horizon de l’histoire de l’art, de la peinture, de la musique, etc., l’universitaire installe le corps comme un élément potentiellement pertinent dans toute analyse de contenu des textes littéraires. Véritable analyse de l’isosémie et de l’isotopie narratives des textes, avec pour angle particulier, le nu ou le presque nu illustratif des couvertures, ou de toute description corporelle des personnages, seuls ou en co-action, dans leur déchéance ou dans un état d’extase assumé. Ainsi, partant d’un échantillon d’auteurs de la littérature française tel André Malraux à travers La condition humaine, l’auteur va s’apesantir abondamment sur la littérature béninoise, avant d’avancer, tel un leader de cette école corpologique, des interprétations corpographiques de textes théâtraux, avec Cadavre mon bel amant d’Ousmane Alédji, Zongo Giwa ou la forêt sacrée de Fernand Nouwligbeto, Ce soleil où j’ai toujours soif de Florent Couao-Zotti, Quand Dieu a faim de Daté Atavito Barnabé-Akayi. Des textes poétiques à l’instar de Tristesse ma maîtresse de Daté Atavito Barnabé-Akayi ou des Pétales du cœur de Basile Dagbéto, ou d’un extrait de texte poétique de Carmen Toudonou, tiré du recueil Anxiolitique de Daté Atavito Barnabé-Akayi, etc. Des ouvrages romanesques avec Femmes de Tossou Okri lui-même ou une application plus stricte et rigoureuse avec Un piège sans fin d’olympe Bhêly Quenum, avec déjà l’incipit qui décrit un personnage dans un état de délabrement physique et psychique : « Taille moyenne, peau ternie et désséchée par la misère, corps squelettique et tête osseuse, il avait un visage d’enfant rachitique qu’allongeait une barbiche sale, poussiéreuse, humide de bave et de sueur. » ; Cette esthétique démonstration de la condition humaine, comme l’indique l’auteur, se prête à l’écriture du corps. L’analyse d’un extrait pareil laisse transparaître la déchéance totale du personnage au plan moral, mais c’est à travers l’esthétique de la description de son corps que cela s’appréhende. Le public, séduit par la portée scientifique de cet outil littéraire, a pris la parole pour manifester son admiration à l’effort d’innovation de l’enseignant. Puisque Okri Pascal propose aux critiques littéraires et autres chercheurs, un outil d’analyse de contenu dynamique, vivement que des mémoires et thèses d’étudiants se penchent sur le corps pour nous faire ressortir, toute l’expressivité de cette matière restée bien longtemps en second rang, dans les pistes de réflexion dans notre pays. A côté de la psychologie humaine, tout critique dispose désormais du contenant corps pour comprendre et faire comprendre les textes littéraires. Rappelons que Okri Tossou est à son onzième ouvrage. Avec notamment des romans comme Syram, Femmes, Numéros matricules, des essais didactiques comme L’Intérgrale pour les TEEO au BTS-Bénin, Villon…Vigny… Voltaire… Littérature française, ou une pièce théâtrale Hémorroïdes, récemment publiée.
Anicet Fyoton MEGNIGBETO
SG-APFB