Association Nationale des Professeurs de Français en Uruguay

Le billet de la Vice-présidente de la FIPF, Doina Spiță

 

Les Congrès de la FIPF, reflets de l’éthos associatif

 

 

 

Chères et chers collègues de partout,

Dans les structures associatives comme la nôtre, la cohésion du groupe s’opère autour de valeurs communes et de projets partagés. C’est ainsi que l’agir ensemble se produit, que l’appartenance à une communauté se manifeste et que les relations entre les adhérents se dessinent et se cristallisent permettant une représentation identitaire homogène et consensuelle. On appelle cela éthos collectif. Il est fortement marqué par une rhétorique identifiable entre mille. Quand on parle de la FIPF, cet éthos collectif est lié à sa vocation à créer des solidarités autour de la langue française et de la francophonie, à engager, à fédérer et à soutenir celles et ceux qui les défendent en tant qu’enseignant.e.s de et en français.

Parmi les actions susceptibles de construire et de renforcer cet éthos associatif s’inscrivent indubitablement les Congrès de la FIPF. L’incarnant aussi bien dans le dire que dans le faire, ils concrétisent l’image du réseau international que notre fédération anime et la font connaître en tant qu’organisateur de rassemblements régionaux et mondiaux. Une véritable carte de visite. Les professeurs ont toujours et unanimement apprécié ces rencontres et les résultats des questionnaires de satisfaction et de nombreuses enquêtes en témoignent. Pourtant, certains jugements ont été parfois mitigés. Une critique récurrente était que nos congrès avaient un caractère pseudo-universitaire qui ne répondait pas de manière satisfaisante, d’un côté, aux besoins des professeurs du second degré, le cœur de cible de la FIPF et, de l’autre, à notre profil d’organisation professionnelle non gouvernementale.

Sensible à l’égard de tous ces signaux, la FIPF a décidé de faire évoluer ses Congrès et d’en imaginer des formes nouvelles, mieux adaptées aux défis propres à notre éthos associatif. Le résultat de ces efforts se retrouve actuellement dans le scénario proposé par la plupart de nos rencontres professionnelles, qu’il s’agisse d’évènements d’envergure mondiale, régionale ou nationale, afin de répondre à cette interrogation identitaire : en quoi un congrès « FIPF » peut-il être différent d’un congrès ou colloque scientifique universitaire ? Le changement le plus significatif est qu’au-delà de la dimension scientifique « traditionnelle », qui continue à garder, avec quelques nuances dont on va parler un peu plus loin, sa fonction de vecteur de développement professionnel, on a de plus en plus privilégié le volet associatif. Plusieurs initiatives retiennent, à ce titre, notre attention.

Une première est la mise en place de ce qu’on appelle « réunions stratégiques ». Il s’agit de tables rondes d’harmonisation stratégique à court, moyen et long terme, avec la participation des divers partenaires locaux, régionaux et internationaux des associations concernées par l’évènement (ministère de l’éducation nationale, ambassades de différents pays francophones, bureaux régionaux de l’OIF ou de l’AUF, entrepreneurs locaux, etc.) et dont le travail se construit au quotidien autour d’objectifs communs. Les réunions stratégiques se proposent comme mission de préparer les partenariats à travers un exercice de connaissance réciproque et de production en équipe. Elles contribuent à une prise de conscience collective de l’importance de chacun et les associations, grâce à leur expertise du terrain, représentent un potentiel à toujours faire redécouvrir pour mieux les valoriser.

La deuxième est la mise en place d’ateliers de formation à l’intention des responsables associatifs. L'objectif est de professionnaliser les participants en leur proposant des outils méthodologiques innovants dans différents domaines tels que la gestion administrative et financière, la gestion des relations interpersonnelles et la gouvernance, l'organisation d’évènements, la gestion de projets innovants ou la recherche de partenariats. Atteindre cet objectif ne pouvait se réaliser qu’à travers une démarche profondément participative, afin de faire connaître les différentes expériences, transférer les bonnes pratiques et s’enrichir de la diversité.

Donner le plus possible la parole aux associations, qui étaient souvent plutôt spectateurs qu’acteurs de leurs propres congrès, est devenu un autre principe directeur : valoriser leur travail soit sous forme de présentation de projets, soit autour d’une thématique, soit par niveaux d’enseignement avec possibilité de mise en place de coopération transnationale, dans le cadre de tables rondes entre les représentants de la FIPF et les associations. Ce format permet de poser des questions concrètes, de soumettre différentes suggestions ou réflexions, de faire connaître les différentes perspectives institutionnelles. Intégrer les réunions des Commissions avec leurs associations au programme, à des créneaux horaires raisonnables et suffisamment longs pour permettre des prises de parole satisfaisantes, c’est aussi une solution possible.

Enfin, la FIPF soutien les initiatives qui récompensent l’excellence dans la vie associative en encourageant la création de prix, diplômes, médailles à remettre à l’occasion des grands évènements aux associations et/ou aux personnes ayant contribué de manière exceptionnelle au rayonnement de notre fédération. Un bon exemple est le Trophée de la FIPF, une distinction honorifique créée à l’occasion de l’anniversaire de ses 50 ans et qui a été attribué dans le cadre du XVe Congrès mondial, organisé à Nabeul, à trois associations : l’Association des professeurs de français du Bénin, l’Association roumaine des professeurs francophones et l’Association des professeurs de français de Russie.

Au-delà de la composante associative, toute une série de mesures concerne la dynamisation du débat professionnel au bénéfice des différentes catégories de public enseignant. Dynamiser ce débat signifie équilibrer les parts des interventions scientifiques et des cas de bonnes pratiques et de projets réussis ; équilibrer la part des différentes thématiques et en introduire de nouvelles, ouvertes au partage d’expériences innovantes ; privilégier les techniques interactives d’animation. Dynamiser le débat professionnel et le tourner véritablement vers l’avenir signifie en même temps mieux adapter ces temps forts de la vie du réseau aux besoins de nos jeunes collègues souvent très enthousiastes même si peu expérimentés, en attente de réponses qui les rassurent et les encouragent dans leurs projets de développement professionnel. Enfin, nos congrès sont aussi des occasions de contact à profit mutuel entre les professeurs et les acteurs économiques de l’enseignement du français (éditeurs, médias, centres de langues). Le Salon des exposants et les ateliers que ces agents animent représentent l’aboutissement d’un bon travail de coopération et la promesse de suivis bien fertiles.

C’est ainsi que les Congrès nationaux, régionaux et mondiaux de la FIPF, déjà amplement appréciés par nos structures grâce à leur nouveau format, sont de plus en plus associés à notre identité et à notre crédibilité, garante de l’autorité de notre fédération, mais également synonyme de fierté d’appartenance pour les collègues de tous azimuts qui en font partie.

Nos vœux de plein succès à tous les congrès de la FIPF, à commencer avec les plus proches : la XVIIIe SEDIFRALE / Congrès Panaméricain des Professeurs de Français (20-24 novembre) et le 5e Congrès des professeurs de français d’Asie Pacifique (9-13 décembre 2023) !

Doina Spiță,

Vice-présidente de la FIPF