[…] la coquetterie bien naturelle de qui s’amuse, avec la plus gentille et courtoise modestie, à s’exercer en un idiome où il a appris à penser, à rêver, en un idiome qu’il a eu plaisir à parler en même temps que sa langue maternelle.
Francis de Miomandre, Poèmes français d’écrivains brésiliens (Préface), chez Pierre Fanlac, Périgueux, 1967.
Quand la quasi entièreté des études non natives de la langue française se tient en des terres dites non francophones, quand la plus grande nation où circule cet idiome naît peut-être — inaperçue jusqu’à d’elle-même — au sein des milliards de personnes pour lesquelles son profit ne vient pas de la fulgurance d’interactions orales quotidiennes plus ou moins intéressées, mais quand à contre-sens l’univocité du discours sur la transmission du français ne se fait que du Nord dans une appétence toute utilitariste qui l’ampute, célébrer la langue française aux antipodes de la Francophonie institutionnelle n’est pas rendre un hommage lointain à une des langues étrangères, — c’est affirmer une langue intime, si partagée fût-elle, c’est opposer son autre francophonie, sa francophonie de choix et de culture.
C’est redéfinir un espace, rétablir un équilibre, réinventer une perspective.
Tenir un congrès scientifique d’études françaises à São Salvador da Bahia, ou à Teheran, ou à Sydney, c’est être au cœur de la société planétaire de la Francophonie culturelle, au centre du monde des francisants et au sein de la diversité des langues et de la richesse des nations. C’est tenir un dialogue planétaire distingué, qui échappe à la banale indifférence et aux dénigrements inconscients d’héritiers trop souvent négligents.
Après avoir, en mars 2019, voulu mobiliser contre l’uniformisation étouffante d’une monotonie mondialisée, cette seconde édition des Journées de la langue française de l’UFBA - IInd Congrès international, qui se donne pour titre se reconnaître - se réapproprier - s’ouvrir, invitera à un nouveau décalage, c’est-à-dire à un nouveau pas de côté, pour appeler à envisager les différences qui structurent les pratiques francisantes non occidentales dans les domaines de la didactique, de la phonétique, des politiques linguistiques, mais aussi des études littéraires et cinématographiques et de la traduction.
Se reconnaître comme partie essentielle d’une démarche de liberté dans la langue française, s’y réapproprier un lieu et une identité spécifiques, s’ouvrir toujours à l’Autre pour lui offrir sa propre originalité d’interrogation, d’objectifs et de démarches, c’est à quoi notre comité, en partenariat avec l’association des Professeurs de français de l’État de Bahia et l’association internationale d’Études québécoises, vous invitent chaleureusement, à Salvador, les 18, 19 et 20 mars 2020.
Plus d'informations ici https://portalseer.ufba.br/index.php/Antipodes/announcement
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